JE VEUX MON CHAPEAU/ JON KLASSEN




MILAN
2012
9782745955968
A PARTIR DE 7 ANS

Jon Klassen est ici un maître d'écriture proclamé qui nous offre de jolies leçons d'atelier avec quelques uns de ces albums. 
On apprend qu'il est possible de tricoter une histoire, de l'inventer différente à chaque coup d'imagination et de points de vue exploité, à partir d"un élément commun, il n'y a pas plus banal qu'un chapeau.
Les histoires semblent se suivre avec un jeu de titres amusants, "Ce n'est pas mon chapeau", "On a trouvé un chapeau", "Je veux mon chapeau". Mais bonus de l'amusement, ils peuvent se lire dans un (dés)ordre choisi autant que leurs "péripéties" qui ne suivent pas vraiment malgré notre désir qu'elles le fassent pour satisfaire le comble de l'ironie.
Le ton est le même, irrésistible dans son rythme tranquille et très pince sans rire.
Il ne semble pas s'y passer grand chose et c'est là que l'auteur puise une partie de son humour, des moments de silence qui laisserait place à un jeu de perplexité des lecteurs, impulsés par Klassen, leur impatience devant la mollesse comique des personnages et leur manque de réactivité offrent un excellent jeu comique de situation qui pourrait avoir la même puissance humoristique joué sur une scène.
Imaginez, constatez l'entourloupe de ce coquin d'auteur qui nous bluffe par de douces illustrations paisibles pour petits, ceci cachant malicieusement la boîte à rire tapie invisiblement entre les pages et la narration. Ces albums s'adressent à un petit public capable de saisir cette belle ironie et sa présentation.

Je veux mon chapeau.
L'ours a perdu son chapeau.
Il ressemble à une bonne grosse bûche. Il ne sera portée et "animée" dans l'histoire que par une pensée, "où se trouve mon chapeau?"
Chaque personnage qu'il visite et interroge affirme négativement de jamais l'avoir aperçu.
Chacun a le regard tourné vers le lecteur, le prenant à témoin de on ne sait quelle pensée qui pourrait se trahir.  Quelle pensée pourrait-on leur prêter? Le rôle de l'illustration est plus important dans cet album que dans "On a trouvé un chapeau". 
M'accuse t-il d'avoir volé son chapeau?
Pourquoi regarde t-il l'horizon en permanence alors que je suis en bas?
Je n'en que faire de ce chapeau, qu'est ce qu'il nous embête avec son histoire de chapeau? 

Pourquoi Jon Klassen se trouve t-il obligé de souligner la réponse du lapin d'un rouge aussi rouge que son chapeau pointu?
Est-ce pour souligner la colère du lapin qui se trouve agacé devant le questionnement, pourtant simple, de l'ours?
Est-ce pour créer un comique de situation comme dans un numéro de clown, allumant un gyrophare typographique que seul l'ours apathique ne semble voir? Certainement.
Nous continuons de nous demander pourquoi il ne baisse pas la tête devant le mensonge du lapin.
Mais à malin,malin et demi ou à bête, bête à moitié car l'ours cache bien son jeu.
Enfin, ce n'est pas si simple.
Et c'est tout le charme de la chute où la fin pourra se conclure par un autre mensonge plus implacable et ...imposant.

La narration joue du fil "randonnée" du conte et de la répétition, l'auteur a bien ficelé son affaire faisant défiler la réponse dans le paysage, trépigner les lecteurs devant la bêtise de l'ours d'un calme désarçonnant.
L'ours est -il un peu bêta?
Absolument.
Mais quoi qu'il en soit, le crime ne restera pas impuni et c'est à mourir de rire.
Un auteur à l'humour subtil à découvrir.





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JON KLASSEN




AUTEUR



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CE QU'ILS EN DISENT?


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